Entretien avec Madame HAUTIN

Publié le par Bibliothèque de Houilles


J’avais 16 ans en 1940. J’étais chez ma maîtresse d’école, je faisais la petite vaisselle. Les Allemands sont arrivés et tout a été chamboulé, je suis retournée quelques temps chez mes parents. Les Allemands occupaient la pièce principale chez mes parents, ça a duré 15 jours et pendant tout ce temps on devait attendre qu’ils aient fini pour aller manger. Ils ont occupé tout le village.

Le soir, il n’y avait pas de lumière, on circulait en vélo avec un garde-boue jaune. Les Allemands étaient très corrects avec nous, mais ils faisaient la chasse aux communistes, aux juifs. Nous n’étions pas très renseignés sur ce qui se passait à l’époque. A un moment on se demandait où était passée la famille Weil, ce n’est qu’après la guerre que nous avons appris qu’ils avaient été envoyés dans un camp et exterminés.

C’est difficile de s’alimenter correctement, nous n’avions que du pain noir, nous devions faire avec les tickets de rationnement. En fait, nous étions rationnés en tout, il n’y avait plus, par exemple, le passage quotidien du lait. Malgré tout, je n’ai pas été trop privée parce que j’avais la chance d’être en province, entourée de fermes, nous nous arrangions avec les fermiers des environs.

Le mari de mon institutrice écoutait la radio anglaise, je me souviens de l’air raillant la radio de Vichy « Radio Paris ment, Radio Paris est allemand ». Avec la radio anglaise on avait toutes les infos sur les maquisards, mais il aurait pas fallu se faire prendre !

On a du rendre les fusils aussi. Mais mon père a gardé celui de la guerre de 14, il l’a caché dans le jardin. Je connais des gens qui se sont fait prendre comme ça.

En 1941, le copain de ma cousine a été mobilisé au STO, il s’est évadé et est rentré à Châtellerault. Là, il a été dénoncé et envoyé en camp. Il allait passer aux fours quand les Russes sont arrivés pour libérer le camp. Quand il est revenu, il était comme un cadavre, vivant mais si maigre et aussi instable. Il a mis longtemps à s’en remettre et a du passer de longs mois à l’hôpital.

Mon frère et mon beau-frère se sont échappés du S.T.O., en ne revenant jamais de leur permission ! Ma sœur et ma belle-sœur ont été convoquées plusieurs fois par les Allemands qui leur demandaient où étaient leurs maris. Elles ont toujours nié être au courant de quoi que ce soit, mais il y a eu un rendez-vous dans la vigne entre eux. Dans la vigne, parce qu’avec la hauteur, ça évitait qu’ils soient vus de quiconque, la confiance était très limitée à cette époque.

Mon frère a été prisonnier en Allemagne, je lui ai envoyé des colis mais je ne sais même pas s’ils lui sont parvenus.


J’avais 16 ans en 1940. J’étais chez ma maîtresse d’école, je faisais la petite vaisselle. Les Allemands sont arrivés et tout a été chamboulé, je suis retournée quelques temps chez mes parents. Les Allemands occupaient la pièce principale chez mes parents, ça a duré 15 jours et pendant tout ce temps on devait attendre qu’ils aient fini pour aller manger. Ils ont occupé tout le village.
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